République démocratique du Congo
Si les Congolais semblent unanimes sur la qualité des hommages rendus à l’opposant historique Étienne Tshisekedi, nombreux d’entre eux exigent ces mêmes honneurs aux autres « héros » ou « martyrs » de la République.
C’est dans une propriété privée à Nsele, commune située à la sortie est de Kinshasa que depuis son inhumation le 1er juin, Étienne Tshisekedi repose désormais. Loin de sa province natale du Kasaï-central. Loin du combat politique et surtout démocratique.
Ce combat à travers lequel il aura bravé son mentor Mobutu et les deux Kabila (père et fils) au prix de mille et un sacrifices. C’est aussi grâce à cette œuvre que ses compatriotes, en premier lieu les autorités congolaises lui ont rendu hommage pendant trois jours. Au point de lui décerner la médaille du Grand cordon de l’ordre des héros nationaux (plus haute distinction de RDC).
Mais, si les Congolais ne semblent pas s’opposer à cette gloire vouée à l’opposant historique, nombreux sont ceux qui se souviennent d’autres « héros », « martyrs » ou « grandes valeurs » du pays qui sombrent jusqu’ici dans l’anonymat. Mieux dans l’indifférence de la Nation. Et il était une fois, …. Antoine Gizenga mort le 24 février dernier à Kinsaha.
Né en octobre 1925 à Mushiko dans la province du Bandundu à l’est de Kinshasa, Gizenga, c’est cet ancien vice-Premier ministre du Premier ministre Emery Patrice Lumumba, père de l’indépendance. Ce dernier tué, Gizenga s’exila en 1965 pour ne revenir au pays qu’en 1992 pour réhabiliter le Parti lumumbiste unifié
(PALU) qu’il avait fondé en 1964.
Mort à l‘âge de 93 ans, l’ancien Premier ministre (2006-2008) était devenu presque le « der des ders » de la première élite politico-intellectuelle de l’histoire de RDC.
Gizenga, N’dala, ….
Au point que toute la RDC l’appelait patriarche. Et un patriarche, mérite d‘être enterré conformément à ses vœux. « Moi aussi, je suis en deuil. Antoine Gizenga n’est pas encore enterré. Derrière moi, on a placé la dépouille du patriarche Gizenga. Je suis venue voir comment ça se passe ici pour que dans les prochains jours la dépouille de Gizenga soit mise en terre là où il avait souhaité être enterré, à Buma, chez lui », a dit Anne Mbuba Gizenga, veuve du défunt lors des obsèques de Tshisekedi.
Mais pas de quoi se morfondre, les autorités congolaises semblent y penser. « Le chef de l’État a entamé son programme d’urgence. Il n’y avait pas assez d’argent pour commencer les travaux et les achever rapidement à Buma », selon André Kimbuta, gouverneur de Kinshasa, le jour de l’enterrement « provisoire ».
Si cette promesse peut rassurer la veuve Gizenga, d’autres Congolais exigent le même traitement pour d’autres faiseurs de l’histoire de RDC. Parmi eux, le colonel Mamadou N’dala. Lui à qui bien de Congolais reconnaissent le mérite d’avoir écrasé en 2013 la milice rwandaise du M23 qui semait la désolation à l’est du pays.
Lui aussi qui mourut en janvier 2014 dans une embuscade, alors qu’il s’apprêtait à affronter les ADF, un groupe armé venu de l’Ouganda qui continue d’endeuiller des familles à l’est du pays.
>>> LIRE AUSSI : Devoir de mémoire : Mamadou N’dala, l’officier qui écrasa le redoutable M23 à l’est de la RDC « Cinq ans après la mort du vaillant Mamadou N’dala, les Congolais attendent qu’il soit proclamé “Héros National”. Le colonel Mamadou Ndala est mort au front avec ses troupes. Il a donné sa vie pour la mère-patrie, mais il n’a pas un père ou fils président de la République », rapporte sur son blog, Réveil FM International, une radio locale.
RDC: Sans fils Président…Mamadou Ndala, héros National ignoré ! https://t.co/C6vySE0nNk
— ✌?« Papa avait dit le peuple d’abord »✌? (@kinshasaweb) 2 juin 2019
L’organe a même publié une photographie montrant un tertre couvert d’une touffe d’herbes rampantes avec une croix portant l‘épitaphe : « GL Mamadou N’dala Moustafa. Né en 1978. Décédé le 2 janvier 2014 ». Pour le site, c’est bien la tombe de l’officier.
Et « la liste n’est pas exhaustive », s’exclame sur Twitter, un internaute. « Les autres qui sont tombés comme lui ont droit à des hommages de la République », renchérit un autre.
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